
02
janvier
2012
John Law et la Bulle du Mississippi
Inflation et déflation
La Bulle du Mississippi est, entre autres, une histoire sur l'inflation et la déflation qui s'ensuivit (soit une politique monétaire malavisée) ...et sur une bulle immobilière !
Dans le passé, la France entière a été emportée par l'extravagance incroyable de la Bulle du Mississippi, qui a porté les prix de l'immobilier à un point tel que celui était évalué comme un siècle plus tôt, c'est-à-dire que sa location ne rapportait qu'1% de son coût. Un peu plus tard, l'Angleterre explosa avec sa Bulle des Mers du Sud, générant un tel appétit pour certaines corporations qu'un homme seul faisant la publicité d'un plan inconnu qui serait révélé à la fin du mois avec 10 dollars à payer par action souscrite, a gagné 10 000 $ le premier jour.
Considérations sur le Commerce et sur l'Argent - John Law
Ce livre incarne le projet de John Law aux fins de la création d'une Banque d’État censée émettre de la monnaie papier. Ses idées, rejetées par le Parlement écossais, sont acceptées en France. Law, le créateur de la Bulle du Mississippi pour le développement de la Compagnie de la Louisiane qui a graduellement pris le contrôle de tout le commerce extérieur de la France, est nommé contrôleur général des finances de l’État français. La Compagnie du Mississippi connaît d'abord un boom sensationnel, mais en 1720, elle enregistre une baisse tout aussi spectaculaire. Discrédité, John Law quitte la France, décline l'offre de Saint-Pétersbourg qui lui propose de gérer les finances de la Russie, et trouve refuge en Angleterre pendant un certain temps. Il meurt dans une relative pauvreté à Venise en 1729.
John Law est né en 1671 à Édimbourg, en Écosse. Son père était un orfèvre qui prêtait de l'argent comme activité annexe. John Law apprend les principes bancaires dans le business familial. Après une accusation de meurtre pour avoir tué son adversaire lors d'un duel, Law s'évade de prison et quitte l'Angleterre pour sillonner le continent. Son esprit mathématique lui permet de gagner sa vie confortablement en jouant et il étudie les arcanes de la haute finance à Venise, Gênes et Amsterdam. En 1715, il s'installe à Paris où il trouve un ami en la personne du Duc d'Orléans, le régent du jeune roi Louis XV.
Vers 1715, la France est ruinée par les guerres. Elle répudie une partie de sa dette, contraint à une réduction des versements des intérêts, et se trouve en retard de paiement sur le service de la dette. Les taxes élevées détruisent l'activité économique.
En mai 1716, John Law est autorisé par édit royal à créer la Banque Générale, d'après le modèle heureux de la Wisselbank d'Amsterdam. Le travail de la banque sera d'accueillir les dépôts et d'émettre les billets de banque. L'équité de la banque provient de la vente d'actions contre espèces ou conversion de la dette de l’État, le même régime de conversion emprunts/capitaux qui a servi en Angleterre pour la Banque d'Angleterre, la Compagnie des Indes orientales et la Compagnie des Mers du Sud. Le capital de la banque s'élève à 1200 actions de 5000 livres chacune, pour un total de 6 millions de livres, payable un quart en devises (1,5 million de livres) et trois quarts en billets d’État (4,5 millions de livres). Les billets d’État retournent au gouvernement, épongeant ainsi une petite partie de la dette nationale. Bien que les billets émis par la Banque Générale n'aient pas cours légal (un statut acquis plus tard), ils sont très bien acceptés et la banque prospère. Les billets de John Law sont payables à vue et, surtout, au cours en vigueur au moment de l'émission (en fait, un billet indexé à l'inflation). Cela rend les billets très précieux face aux dépréciations successives de la devise par le gouvernement.